L’univers de la guerre et de la stratégie militaire fait partie intégrante du monde du gaming depuis ses balbutiements. Un mélange des genres et une imbrication des 2 mondes de plus en plus marqué s’est observé au fur et à mesure du progrès technique. C’est à tel point, que non seulement les armées de gamers ont déjà leurs propres officiers, mais le phénomène a également donné des idées aux véritables corps d’armée. Focus sur cette tendance, son futur, ainsi que ses limites.
Les vrais/faux officiers en gaming
Depuis les débuts du jeu vidéo, une catégorie à part a émergée, donnant presque lieu à la création d’une communauté au sein même de celle des gamers. Il s’agit des jeux de guerre ou “Wargames”. Il peut s’agir de jeux de tir (FPS) tels que Call of Duty, Far, Cry ou bien encore Halo, pour ne citer que les plus célèbres. Viennent ensuite les jeux de stratégie militaire comme Age of Empires, Warcraft, Civilisation ou Command and Conquer. Dans un cas comme dans l’autre, même s’il s’agit de 2 types de jeux bien distincts, il conviendra pour le joueur de faire preuve de dextérité, mais surtout de ruse, de stratégie, de prise de décision rapide et d’anticipation. En d’autres termes, tous ces joueurs ont appris à devenir de bons petits soldats, et parfois même…des officiers. Eh oui, car toute armée a besoin de stratèges et d’une chaîne de commandement. Les gamers officiers ont ainsi pu mener leurs troupes sur le champ de bataille virtuel depuis environ 2 décennies. Si dans un premier temps, il s’agissait de mener des armées gérer par l’IA (Intelligence Artificielle), le développement du jeu en réseau et la possibilité de jouer en ligne par équipe a permis par la suite de gérer des armées de vrais joueurs. Ainsi, l’on peut désormais assister à des duels à distance entre grands stratèges lors de tournois d’e-sport.
Les vrais militaires se sont laissé prendre au jeu
Face à un tel succès et au réalisme de plus en plus poussé des simulations de guerre, le secteur militaire n’a pas tardé à développer un intérêt croissant. Il s’agit tout d’abord d’un excellent moyen pour des civils de se familiariser avec les rudiments du monde militaire. Mais les simulations de guerre sont désormais tellement réalistes que certains corps d’armée les utilisent pour former les vrais soldats. Ainsi, en France, L’École de l’Air et de l’Espace a mandaté le studio Lost Mechanics pour le développement d’un jeu de simulation (un Serious Game) pour former ses futurs officiers. L’armée de terre française mise quant à elle sur le simulateur professionnel Virtual Battlespace appelé “Spartacus” en interne.
Les limites du virtuel
La frontière entre le monde militaire et celui du jeu vidéo s’est certes réduite, mais de là à faire la confusion entre les 2, il y a un pas significatif à franchir. Une nuance que les décideurs militaires tiennent à souligner. Ainsi, si le Département de la Défense des États-Unis admet que les joueurs de wargame ont des capacités cognitives en moyenne 10 à 20 % supérieures à la moyenne, les autorités restent prudentes. Le réel n’étant pas le virtuel, les données à prendre en compte concernant ce que doit être un bon soldat ou officier ne sont pas totalement les mêmes. Ainsi, selon cette fois-ci le département militaire de la santé, dans le cadre d’observations faites au sein du bootcamp de Fort Leonard Wood dans le Missouri, les gamers seraient plus faibles que les autres aspirants soldats. Plus précisément, c’est la condition physique de ceux-ci qui est mise en cause. Celle-ci serait frappée par l’un des mals de ce siècle, à savoir, la sédentarité. Les personnes concernées seraient notamment particulièrement touchées par les blessures musculaires et les fractures. Ce à quoi s’ajouterait une certaine fragilité mentale, l’un allant souvent de pair avec l’autre. Les joueurs de jeux vidéos, quand bien même, il s’agirait de simulation de guerre, ne font pas face aux réalités du terrain. Une nuance de taille qui a son importance. Ainsi, prendre une décision tactique ou stratégique dans une situation de stress extrême, de blessure ou d’épuisement n’est pas la même chose que depuis son canapé ou dans une compétition d’e-sport.
Il est désormais temps de partager nos conclusions sur la question des officiers au sein de la communauté des gamers. Il est indéniable que la popularisation des jeux de guerre et de stratégies a fatalement suscité quelques vocations et permet aux néophytes de se familiariser avec le monde militaire. Il est également probable que le perfectionnement des simulations de guerre constitue un formidable outil pour la formation de personnels militaires. Néanmoins, il convient de faire la part des choses, la guerre, la vraie, n’est pas et ne sera jamais un jeu.