Dans le monde des jeux vidéo, les mots “prendre”, “obtenir” et “conquérir” sont couramment utilisés par les joueurs. Le moindre obstacle peut engendrer des sentiments de frustration, de colère ou de tristesse. Cet article se penche sur les raisons pour lesquelles nous sommes autant attachés à ces mondes virtuels et ce qui nous pousse à vouloir toujours posséder, collecter, assujettir et contrôler dans les jeux vidéo.
La nature conquérante de l’être humain
Depuis les théories socratiques jusqu’à l’anthropocentrisme et au-delà, l’espèce humaine est composée d’individus cherchant à soumettre toutes les instances de l’existence à leur volonté. Nous réalisons tous des petits défis quotidiens, comme obtenir un bureau au travail ou ranger une chambre, mais notre soif insatiable de succès et de possession demande à être étanchée de temps en temps.
Se divertir en laissant libre cours à nos envies de conquête
Le monde du divertissement a permis à l’homme de libérer ses instincts conquérants en faisant de lui le protagoniste principal. A travers un avatar, le joueur devient une entité active capable de façonner l’histoire qu’il vit. Si cette approche ne s’applique pas à tous les jeux vidéo, elle trouve toutefois écho dans les jeux où la subjugation pure d’un territoire est en jeu.
- Conquête
- Ambition
- Domination
- Possession
Les jeux de conquête : un exemple avec Crusader Kings III
L’idée de cet article est née lors d’une partie de Crusader Kings III, un jeu de stratégie en temps réel qui permet au joueur de bâtir sa propre dynastie dans un univers médiéval historique. En partant d’une petite région reculée d’Asie et en étendant progressivement son territoire jusqu’à dominer la majeure partie du continent, le joueur se rend compte que la seule limite à sa progression est sa propre ambition.
L’évolution des mondes virtuels et l’engagement des joueurs
Au fil du temps et avec l’avènement des ordinateurs personnels, les jeux vidéo ont évolué pour offrir des expériences toujours plus riches et profondes. Les mondes virtuels se sont développés, permettant aux joueurs d’exercer un contrôle sur leur environnement et de prendre des décisions dont l’impact dépasse le simple score final.
James Paul Gee, dans son essai “Learning by Design : good video games as learning machines”, identifie trois types d’identités qui interagissent entre le joueur et le jeu vidéo. Il s’agit de l’identité réelle du joueur, de l’identité de son alter ego virtuel et de ce que le joueur souhaite pour l’identité de cet alter ego. Cette triple nature pousse les joueurs à vouloir façonner ces mondes virtuels selon leurs envies et leurs aspirations.
Le rôle de la sécurité et de l’impunité dans les jeux vidéo
En toute logique, les joueurs s’autorisent à assouvir leur soif de conquête lorsqu’ils évoluent dans ces mondes virtuels parce qu’ils n’ont pas à craindre les conséquences de leurs actes. Aucune vie réelle n’est en jeu, et la virtualité des affrontements permet de ne pas se sentir coupable.
Une manière d’évacuer nos pulsions naturelles ?
Les jeux vidéo offrent un moyen unique pour les individus de libérer cette envie inhérente à la conquête qui est constamment bridée dans la réalité. La sécurité et la satisfaction procurées par ces espaces virtuels sont autant de raisons qui nous poussent à les explorer sans retenue.
En conclusion, les jeux vidéo nous fascinent et nous obsèdent car ils font appel à notre désir profond de conquête, de possession et de contrôle. Ils nous permettent de vivre des expériences impossibles dans le monde réel tout en évacuant certaines de nos pulsions naturelles et faisant ainsi office de soupape de sécurité pour notre insatiable soif de réussite et de domination.